Une Victoire Douce-Amère pour l’Internet à Madagascar

Ça y est, l’Internet à Madagascar est de nouveau neutre.

Une victoire après 8 ans de combat !

En 2016, Facebook lançait Freebasics à Madagascar. Un partenariat d’envergure avec les opérateurs téléphoniques promettant un accès gratuit à Facebook et un ensemble restreint de sites jugés utils.
Je ne vais pas revenir sur le revers de la médaille et les conséquences désastreuses que cette offre apporte à un écosystème fragile.

Mais hier, le 1er Avril 2024, les offres partielles à Internet sont enfin interdites à Madagascar [Missing link]. Chaque entrepreneur peut, dorénavant, créer son service ou son application et se battre à armes égales contre les géants.

Cela a pris 8 ans mais je me réjouis de cette ouverture et remercie sincèrement le Ministère du Développement Numérique des Postes et Télécommunications de Madagascar d’avoir eu le courage de faire passer le décret.

Douce mais amère à cause d’un prix plancher

Cette fantastique nouvelle a été complètement masquée par l’insertion d’un prix minimum du Gigaoctet à 0,95$.
Ce prix minimum a été mis en place pour éviter que certains acteurs ne mettent des prix de vente inférieurs au coût de revient d’autres opérateurs moins solides financièrement. Cela permettrait de pérenniser la saine concurrence de ce marché régulé êxtrêment fermé (4 acteurs pour tout le pays).

Le montant a été choisit pour être légèrement inférieur au coût moyen de 1 Go publié par le site (cable.co.uk) qui est de 1,12 $ pour 2023.
Mais quand on regarde un peu dans le détail, on voit que ce même site prétend que le Go le moins cher de Madagascar était de à 0,32 $ . Une simple revue des offres disponibles sur le marché permet d’identifier au moins une offre 3x moins cher que cela : la Wifiber de Orange qui offre 300 Go par 4G pour 150.000 Ar soit environ 0,11 $ le Giga.

Et quand on sait que 80% du traffic était composé d’offres Facebook à 1000 Ar le Go soit 0,22$, j’ai du mal à croire que la moyenne soit 5x supérieur ce prix.

La perception du marché est que le prix de l’Internet a augmenté. En effet si on segmente le marché en trois seul le segment du milieu a un prix inchangé mais les petits et les gros forfait ont vu une augmentation significative du prix :

  • moins de 1 Go : anciens prix 0,5 $ / Go, nouveau prix 1 $ / Go
  • entre 4 Go et 20 Go : anciens prix 5000 Ar, nouveau prix 1 $ / Go
  • Plus de 50 Go : anciens prix 0, 11$ / Go, nouveau prix 1 $ / Go

Ainsi, bien que le prix plancher ait été instauré pour de bonnes raison, j’ai la sensation qu’il requiert un calibrage plus fin .

Comment pourrait-on calibrer le prix plancher du Giga Octet à Madagascar ?

Trois solutions, de la plus radicale à la plus consensuelle

1) Ma première solution est simple : il suffit de le supprimer ce prix plancher

Les 3 opérateurs sont des mastodontes qui opèrent dans plusieurs pays et avec d’énormes capacité financières

  • Orange Madagascar est une société du groupe Orange, leader Européen et Africain de la connectivité, 42 milliards de dollars de CA annuel
  • Airtel Madagascar est une société du groupe Airtel, leader Indien et Africain de la connectivité, 15 milliards de dollars de CA annuel
  • Telma est une société du groupe Axian, un groupe pan africain qui fait 2 milliards de dollars de CA annuel, diversifié dans des secteurs financier, pétrolier et immobilier

M. le Ministre, aucune de ces trois ne fera faillite, loins de la 😉.

2) Ma seconde solution consiste à choisir le prix moyen que j’estimais dans mon précédent article qui est de : 2300 Ar.

L’idée est que les trois opérateurs proposaient les offres Facebook à 1000 Ar et cela représentait probablement 80% de leur traffic. Le reste d’Internet était facturé environ 7500 Ar et représentait 20%.
Du coup, le prix moyen = 1000 * 0,8 + 7500 * 0,2 = 2300 Ar.
Je partageais ce montant dans mon précédent article au sujet de l’Artec.

3) Ma dernière solution, est de mettre plusieurs prix plancher en fonction du débit

En effet, le coût de revient d’une offre Internet 4G/5G dépend énormément du débit accordé au client. Ainsi il pourrait être intéressant pour le marché d’avoir des offres lentes mais significativement moins cher.

Cela permettrait aux opérateur de “yielder” le prix pour leur clients à petits budget sans être à perte. Voici donc ma suggestion :

  • Débit plafonné à 256 kbps : 0,11 $
  • Débit plafonné à 5 mbps : 0,50 $
  • Débit non plafonné : 0,95$

Bien-sur, vous pourriez argumenter et me dire que ce n’est plus neutre. Oui, les riches verrons des videos sans saccade, les pauvres non.
Mais au moins, un très grand nombre d’utilisateur auront accès à Google, Chat GPT ou mon petit blog. L’information sera disponible pour tout le monde en fonctionne de son budget.
Et les opérateurs auront un terrain de jeu plus large pour que concurrencer sans bain de sang !

Et vous, que pensez-vous de ce changement drastique de l’Internet à Madagascar ?

One Reply to “Une Victoire Douce-Amère pour l’Internet à Madagascar”

  1. Une avancée majeure pour l’Internet à Madagascar ! Merci d’avoir pris le temps d’écrire cet article et de si bien nous expliquer ce qu’apporte ces nouveautés, surtout pour des types éloignés du pays comme moi qui me trouve à Paris.

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