À Madagascar, quand vient le moment de voter, certains se posent encore cette question : “Mon nom est-il bien sur la liste ? Et si je dois montrer ma pièce d’identité, va-t-elle être acceptée ? “
Ce sont des doutes ordinaires, mais pour un scrutin, ce sont des risques majeurs : abstention, contestation, perte de confiance.
Le programme PRODIGY n’est pas seulement un “projet informatique” : c’est une fondation de fiabilité, un élément clé pour que chaque Malagasy puisse voter avec confiance et que les résultats soient respectés.
1. Le bon électeur à la bonne urne : éviter l’erreur et la fraude
Imaginons la scène classique : un bureau de vote dans un fokontany, des listes manuscrites, des cartes d’identité en papier, des fautes d’orthographe sur les noms, un électeur se plaint de ne pas être reconnu.
L’absence d’une identité fiable – unique, biométrique, bien gérée – crée un terrain où l’erreur ou la fraude peuvent s’installer.
PRODIGY, dans cette dimension, intervient à la racine : une identité numérique biométrique pour chaque citoyen, avec enregistrement clair, vérifiable, et l’intégration d’une plateforme d’identification nationale. Cette identité fiable permet de :
- Vérifier que celui qui vote est bien celui inscrit
- Éliminer les doublons : un citoyen n’a pas deux cartes d’identité, deux profils électoraux.
- Empêcher l’usage d’identités fictives ou obsolètes.
Résultat : on réduit considérablement les risques que quelqu’un vote à la place d’un autre, ou qu’un nom fantôme soit sur la liste.
Quand l’électeur arrive : sa carte biométrique (ou identifiant numérique) est scannée, les empreintes ou biométrie vérifiées, tout est immédiat. On gagne du temps : plus de listes interminables, plus d’attente. On gagne en confiance : le processus est clair, visible, compréhensible.
2. Transparence et traçabilité : le processus devient visible
Une élection fiable, ce n’est pas seulement “ceux qui votent”, mais “ceux qui peuvent vérifier que tout a été bien fait”.
Quand chaque étape (enrôlement, vérification, vote, dépouillement) repose sur des systèmes solides, on réduit les zones d’ombre.
PRODIGY met en place les briques techniques essentielles : registre unique des électeurs, interopérabilité avec les bases de données de l’identité, infrastructures de sécurisation (PKI, signatures numériques). On sait que l’identité numérique peut offrir une base solide de services publics et de justice.
Concrètement :
- L’électeur s’enregistre une seule foie lors du processus d’enrôlement biométrique de PRODIGY (prévu commencer en décembre 2025)
- Il est intégré à une liste électorale fiable via ce même identifiant
- Le jour du vote, ses données sont vérifiées en temps réel au guichet grâce à un petit lecteur d’empreinte)
- Après le vote, les résultats sont agrégés via systèmes sécurisés – moins d’erreurs manuelles, moins de falsifications.
Dans un pays comme Madagascar, où les archives papier et les registres locaux sont encore très imparfaits, cet avantage est crucial. On évite les erreurs comme les noms manquants, l’ambiguïté des doublons, ou la fraude d’identité.
En résumé, PRODIGY permet de bâtir une chaîne de confiance complète – de l’identité au vote – ce qui élève notablement la fiabilité du scrutin.
3. Inclusion réelle : que personne ne soit laissé de côté
Un enjeu souvent oublié : les citoyens pauvres, en zone rurale, ceux sans documents complets, sont parfois découragés de voter parce que leur identité est floue, ils n’ont pas la bonne carte, ou ils habitent loin. Cela fragilise la participation électorale – et donc la légitimité.
PRODIGY va justement dans ce sens : moderniser l’état civil, enregistrer dès la naissance, garantir une identité fiable pour tous.
Qu’est ce que cela veut dire pour l’élection ?
- Chaque citoyen majeur, qu’il soit en ville ou dans les zones rurales, a une carte biométrique reconnaissable.
- Il peut voter sans obstacle lié à “je ne suis pas sur la liste” ou “je n’ai pas la bonne pièce”.
- On accroît la participation – et plus la participation est forte, plus le résultat sera accepté.
Un pays où seuls “ceux qui ont de bons papiers” votent n’est pas un pays pleinement démocratique. PRODIGY aide à ce que “tous ceux qui ont le droit” puissent exercer ce droit – sans blocage administratif.
4. Rapidité, efficacité, moindre coût : l’élection se modernise
Une élection traditionnelle coûte cher en logistique : impression de bulletins, transport, listes papiers, plusieurs étapes de vérification manuelle, contrôle de résultats manuels. Ce sont des délais, des erreurs, des coûts.
Avec un système d’identité et de gestion numérique comme celui de PRODIGY :
- Vérification biométrique rapide, moins de temps perdu au guichet.
- Liste électorale numérisée, moins de papier, moins d’erreurs.
- Dépouillement assisté par systèmes sécurisés, résultats plus rapidement disponibles, moins de contestations liées à “je n’ai pas vu le tableau” ou “on m’a volé ma voix”.
- Pour l’État et les bailleurs, meilleur rapport qualité/coût dans l’organisation du scrutin.
De fait, les économies réalisées peuvent être redirigées vers l’amélioration des infrastructures de vote, formation des agents, sensibilisation des électeurs – bref, un cercle vertueux.
5. Confiance publique et stabilité politique
Au final, l’élection est aussi un acte de confiance : les citoyens doivent croire que leur vote compte. Et les acteurs politiques, internes comme externes, doivent accepter les résultats comme légitimes.
Quand il y a des doutes sur l’intégrité de l’élection – listes douteuses, identités non vérifiées, résultats contestés – on ouvre la porte aux crises, aux troubles, à la remise en cause de tout le système.
En revanche, quand l’identité est fiable, l’électeur est bien celui qu’il prétend être, les listes sont sérieuses, le vote est suivi d’un système de comptage sérieux, alors la confiance monte.
Et c’est là que PRODIGY joue un rôle stratégique pour Madagascar :
- Il met l’accent sur la souveraineté numérique : le pays maîtrise ses données d’identité (tout est géré et hebergé localement), ses processus. Cela renforce la crédibilité nationale et internationale.
- Il favorise la participation citoyenne, car les citoyens sentent que le système est “fiable”.
- Il réduit les risques de contestation massive.
- Il donne aux bailleurs et partenaires internationaux un signal fort : “Oui, Madagascar modernise sa gouvernance, ses processus, sa transparence.” Cela peut faciliter l’appui extérieur, les investissements.
Conclusion : un pas vers une démocratie plus forte
Quand je regarde Madagascar, je vois un pays qui veut avancer : accès à Internet, mobile money, infrastructures, jeunesse très active.
Mais un grand frein reste : la fiabilité de l’identité et la transparence des institutions.
Quand l’électeur entre dans un bureau de vote, il ne devrait pas penser : “Est-ce que mon nom est bien là ? Est-ce que ma carte sera acceptée ? Est-ce que ce vote comptera vraiment ?”
Il devrait penser : “Je suis reconnu, je vote, mon vote est compté, ma voix compte.”
PRODIGY est ce levier. Il permet de moderniser l’infrastructure de l’identité, d’intégrer la biométrie, d’interopérer les registres, de faciliter le vote et surtout de rassurer.
Et dans les moments de transition comme ceux que traverse Madagascar aujourd’hui ce sont précisément les projets qui bâtissent la confiance que l’on doit préserver. Une élection fiable ne s’improvise pas : elle s’appuie sur des systèmes, des processus, une architecture de confiance.
PRODIGY est cette architecture.